Je t’écris au milieu d’un bel orage.
Amour extrême
Spectacle imaginé à partir de la correspondance amoureuse entre l’actrice Maria Casarès et l’écrivain Albert Camus, réarrangée et mis en forme par Dany Boudreault.
Le couple est incarné par Anne Dorval et Steve Gagnon, dirigés par Maxime Carbonneau.
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Le 6 juin 1944, les forces alliées débarquent en Normandie et Maria Casarès dans la vie d’Albert Camus. La comédienne en est encore à ses débuts, arrivée d’Espagne huit ans plus tôt avec ses parents fuyant la dictature. Camus, marié et père de deux enfants, impliqué dans la Résistance, est déjà au cœur des lettres françaises, avec la publication deux ans plus tôt de L’étranger et du Mythe de Sisyphe. Il vient d’engager Maria pour créer le rôle de Martha dans Le malentendu. Mais dans leur relation, c’est elle qui, avec son exigence d’une vie indépendante, mène la danse. Leur passion durera quinze ans, traversant les tumultes politiques de l’après-guerre, la frénésie intellectuelle des années chaudes de Saint-Germain-des-Prés, leurs angoisses créatrices et les aléas du quotidien. Puis, le 4 janvier 1960, Camus meurt dans un accident de voiture. Ne reste que la stupeur de la mort. Et 865 lettres d’amour. ● Ces lettres, Dany Boudreault, poète ardent et dramaturge audacieux, s’en est emparé, prenant une phrase ici, un paragraphe là, pour recréer la fulgurance et la hauteur de vue de cet amour d’exception où, par « un certain degré de chaleur mutuelle, les cœurs fondent ensemble dans quelque chose qui n’a plus de nom ».
À la mise en scène, l’attentif et novateur Maxime Carbonneau, complice de longue date de Dany Boudreault, fait son entrée au TNM.
● La magnifique Anne Dorval interprète l’électrisante complexité de Maria Casarès alors que l’admirable auteur et comédien Steve Gagnon porte la parole d’Albert Camus.
— Le spectacle-lecture a été créé au Festival international de la littérature (FIL) à Montréal en 2021 sous le regard juste et critique de Macha Limonchik —
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D'après Correspondance (1944-1959) par Albert Camus et Maria Casarès © Editions Gallimard
Idéation et adaptation de Dany Boudreault
Mise en scène Maxime Carbonneau
Équipe de conception
assistance à la mise en scène Stéphanie Capistran-Lalonde
décor Max-Otto Fauteux, éclairages Julie Basse, costumes Marie Chantale Vaillancourt, musique originale Antoine Bédard, maquillages Justine Denoncourt-Bélanger, mouvement Marilyn Daoust, accessoires Julie Measroch
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Production Théâtre du Nouveau Monde
en collaboration avec La Messe Basse
Du 17 janvier au 11 février 2023
Une première étape a été présentée au FIL en 2021
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Comment se vit le quotidien quand la dis- tance s’impose entre les corps amoureux ? Comment s’écrit la vie solitaire quand nos pensées sont habitées par l’autre en com- pensation de son absence ? Que veut dire l’absence quand on s’écrit ? Quel est cet espace-temps entre les lettres quand elles ne se répondent pas l’une après l’autre ?
De la Guerre à la mort abrupte de Camus dans un accident de voiture, la relation entre Camus et Casarès s’est vécue principale- ment en l’absence physique de l’autre. Leurs lettres sont devenues leur refuge, leur lit, leur maison. C’est dans ce désordre de rhétorique amoureuse que nous avons imaginé un ordre, et du sens avec les corps.
Casarès et Camus ont écrit cette oeuvre à leur insu. Huit cent soixante-cinq lettres d’amour et de foi de deux artistes engagés, rédigées avec l’ardeur patriotique de leur Temps. Leur amour est devenu le refuge de l’une et l’autre, et dans celui-ci s’est enraciné leur art et leur destin d’exilés.
Ces correspondances témoignent de leurs tourments, de leur passion, de leur vie compliquée d’artistes exigeants, et des chemins de libertés ines- pérés. Qu’est-ce que s’aimer quand on tient à la liberté ?
Lorsque Maria offre les lettres à Catherine Camus, la fille d’Albert, dans les années 80, les fragments de leur amour, de ces quinze années d’étreinte à distance sont ainsi offerts en un seul corps à celles et ceux qui les liront.
Vous assisterez ce soir à une oeuvre imaginée par deux artistes (ou quatre) qui pendant près de quinze ans d’une union qui n’a pas de nom, au nom d’un idéal à réinventer à chaque instant, ont traité leur amour comme leur art en exigeant que l’être aimé s’égale à la plus belle image qu’ils avaient de lui.
Sur scène, leur histoire est racontée à travers les formes d’art visitées par l’actrice Maria Casarès, au centre de toutes ces chambres, physiques et métaphoriques où, dans la soli- tude, Maria écrivait à Albert, et Albert à Maria, pour se rendre complices des jours de l’autre.
Sur ce projet les miroirs sont partout. De Casarès à Camus, de Dany à moi-même, de cette rencontre formidable entre Anne et Steve, jumeaux cosmiques, complices. Ce sont ces oeuvres, nées du dialogue et de la ferveur de l’engagement, qui me transportent et me bouleversent le plus.
N’oublions pas que ces deux monstres sacrés de la France proviennent d’Alger et de Corogne. Et pour qu’une langue devienne celle de l’intime, il faut y insuffler beaucoup d’amour.
Sortant d’une pandémie où familles et couples normatifs étaient seuls bénéficiaires de « permissions de réunions » du gouverne- ment, plusieurs d’entre vous, d’entre nous, ont souffert des limites de l’ouverture. Ce spec- tacle s’adresse à celles et ceux qui savent aimer malgré le Monde, à ceux et celles guidé.es par tout ce qui n’a pas encore été inventé.
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«Dans le spectacle que met habilement en scène Maxime Carbonneau, directeur d’acteurs résolument redoutable qui ne recule devant rien, Anne Dorval fait un retour au théâtre après douze ans.»
-Yanik Comeau, Théâtralités
«Le tout fonctionne de la manière la plus élégante, la plus cohérente, la plus humaine qui soit, grâce à une mise en scène signée Maxime Carbonneau. Tout est bien orchestré et donne un résultat solide et spectaculaire qui nous captive du début à la fin. Une synergie entre Dany Boudreault et Maxime Carbonneau qui atteint des résultats stupéfiants.»
- Micheline Rouette, BP Arts Media
«L’acteur et poète Dany Boudreault a réalisé un travail d’orfèvre pour dégager de cette masse littéraire une trame narrative d’une beauté sublime.»
- Stéphanie Morin, La Presse
«Anne Dorval et Steve Gagnon transmettent la souffrance qu’infligent les sempiternelles séparations de leurs personnages, mais aussi leur fureur de vivre, leurs corps magnétiques se mouvant en d’ardentes chorégraphies sur le lit.»
- Caroline Bertrand, Journal Le Métro
«Anne Dorval disparaît derrière Casarès, nous subjugue. Ce n’est une affaire ni de corps, ni de pouvoir, ni d’opportunisme. C’est un véritable élan de la source la plus pure et intime qui les lie.»
-Josée Blanchette, Le Devoir
«Steve Gagnon […] rend attachant Camus, de par son intelligence et par son sincère intérêt envers celle à qui il songe dans ses moments d’éveil, entre deux fièvres du 20e siècle.»
-Annie Dubé, Mattv.ca
«C’est à ce beau coup de maître que nous convoque La Messe Basse dans une ingénieuse collaboration avec le TNM»
-Yanik Comeau, Théâtralités